Un piano accordé

Dans le neuf paysage de mon âme d'ivraie
Se trouverait une enceinte aux murs élevés.
La salle serait vide et, au centre, trônerait,
Un piano d'émeraude aux touches inachevées.

Ses accords (seul dieu sait comme je les entends
Dans les nervosités de ma tendre folie)
S'abattent sur les murs ; un sourire latent
S'immisce sans mesure depuis mon alalie.

Sur un mur, une fenêtre, sans rideau, sans volets,
Qui laisse filer à travers ses carreaux sales
Une lumière sombre. Les matins sont très laids,
Mais les nuits, à l'inverse, deviennent abyssales.

Nos têtes sont des mondes, des arts ou des désastres,
Où "Restriction" n'existe pas, n'existe guère.
Nous fuyons, en mesurant de loin par les astres
Le sol qui repousse cette palabre amère.

Les nuages restent blanc, l'herbe est de brindilles.
Neige d'hiver devient un cadeau d'orée.
Les heures y sont trop longues, si bien que les aiguilles
N'aspirent plus, il est vrai, à les mesurer.

Tout ceci n'est qu'un rêve, mais vas-y, ami, ose !
Mon corps sur mon âme tient de chers mots bibliques,
étant "Seul, Eternel, présent à toute chose
Mais invisible et non représentable." Musique !

Des notes maîtresses d'une symphonie de larmes
Qui s'acharne à rouler pour ma carcasse infâme.

Le piano est à cordes et,
Mes délires aussi.

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