- Mais qui es-tu, Julie ?
- Ahahah. Attends, laisse-moi égrener mon rire quelques instants ! Qui je suis ? Oh je pourrais en parcourir des mots pour me décrire. Je pourrais même te mentir, enjoliver la réalité, ou l'empirer, te faire pitié. Je pourrais te dire que je suis triste, malheureuse. Je pourrais te décrire mes états d'âmes, mon cher, te dire comment je suis pour me permettre d'analyser et montrer QUI je suis. Mais à quoi ça servirait ? Tu perdrais tes illusions. Tu me perdrais, tout simplement. L'image que tu t'es formé de moi, celle de la petite fille pure, cette nymphette angélique aux ailes de papier.. C'est peut-être moi, ou pas. Tu ne comprends pas hein ? Tu comprends jamais, il faut toujours tout t'expliquer, clairement. Oh, je ne t'en veux pas, je suis pareil. Mais, tu le sais bien, les défauts que nous avons nous paraissent acceptables tant qu'on ne les trouve pas chez nos proches. On peut dire qu'on est proches, non ? Non, en fait, ta gueule. Ne réponds pas. Ne me dis plus jamais qu'on est proches. Je t'apprécie énormément. Beaucoup trop pour que tu m'approches. Distance-moi, pars, fuis. Tu comprends mieux maintenant ? Non. Non, tu comprends pas. Je dois pas m'attacher, et toi non plus, encore moins. Si tu t'attaches, je te fais mal. Parce que c'est mon moyen de défense, cynisme, ironie. Je saigne les autres pour ne pas montrer mes blessures. Une victime à terre ne lève pas les yeux vers le corps de son meurtrier, elle le regarde, d'un regard pâle, vide. Alors sois vide. Tu vois mieux qui je suis maintenant ? Tu vois, la fille torturée et apeurée, celle qui se cache, the dark side of the moon, mon p'tit... C'est ça que tu demandais ? Tu voulais entendre que j'étais spéciale.. Tu voulais que je te dise que je t'apprécie plus que de raison, que je suis différente et qu'ensemble on serait bien. Tu voulais voir dans mes yeux de la détresse pour me réconforter. Tu voulais presque me faire pleurer, n'est-ce pas ? De la fragilité à perdre la raison. Mais je ne suis rien d'autre que toi. Je suis tout le monde. Je suis cette fille banale que tu croises dans la rue, sans jamais t'en apercevoir. Elle marche, en tshirt et en jean, les mains dans les poches et le regard rivé au trottoir, son regard comme une vis qui transperce le bitume. Elle marche, et son ombre la suit. Je ne suis que ça : un corps, et une ombre.
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