(à écouter avec My Funny Valentine, Chet Baker)
MELUSINE , MAEL , LE CYGNE
Mélusine et Maël sont sur un bateau. L'action se passe sur les flots d'un lac calme en banlieue parisienne. Le cygne les observe. Mélusine et Maël se connaissent depuis huit jours.
MELUSINE
Maël, vite ! Viens voir l'eau par dessus la rambarde !
MAEL, accourant et se penchant, observant en silence l'eau pendant quelques secondes.
Je ne vois rien.
MELUSINE
Ah.. Il y a tant de beauté à voir pourtant. Vraiment ? Es-tu aveugle ?
MAEL, allant rejoindre sa cabine, laissant la porte ouverte.
Tu dis des bêtises. Je devrais te jeter à l'eau.
MELUSINE
J'aime quand tu es dans la cabine, et que l'on parle sans se voir. Je ne sais jamais ce que tu fais. Ça m'intrigue et me plait. Tu pourrais tout aussi bien être en train d'écrire à une fille, ou bien de vider un fond de vodka.
MAEL
Je n'écris pas à une fille dans la cabine.
MELUSINE
Alors c'est la vodka ?
MAEL
Non, du café. Juste du café.
MELUSINE
Tu bois ton café sucré ?
MAEL
Tu es sucrée, Mélusine ? (Mélusine regarde le cygne, abasourdie) Non, tu n'es pas sucrée, tu es amère. Tu es noire. Osée. Je prends donc mon café sans sucre. Tu sais tout. Ou presque.
MELUSINE
Je ne sais plus rien.
MAEL
A propos de quoi ?
MELUSINE
De tout.
MAEL, en un soupir, en revenant sur le pont du bateau.
C'est simple, pourtant.. J'ai envie de goûter tout, surtout les choses les plus belles et les plus laides. De les emmener à la mer, ou bien faire de la randonnée en montagne. Les mettre à la lumière, les faire respirer de l'oxygène, prendre un peu l'air.
MELUSINE
Ou les balader dans Paris.
MAEL
Oui, aussi. Sur une péniche. Lorsque j'étais en Corse, deux ans avant la semaine dernière, j'ai rêvé de ta soeur. Il faisait nuit, elle tenait une bougie dans sa main, ses cheveux noués en arrière. D'ailleurs, tu devrais raser tes longs cheveux bruns, Mélusine.
MELUSINE
Tu es fou ? Tu sais combien de temps il m'a fallu pour qu'ils m'arrivent aux reins ?
MAEL
Ils s'amusent à fouetter ta peau au moindre coup de vent, ça m'insupporte. Tu veux que je les coupe moi-même ? Tu diras à tes parents que c'est un agresseur, ou bien une danseuse qui est arrivée sur ses pointes et qui a coupé tes magnifiques cheveux pour en faire les lacets de ses plus beaux chaussons.
MELUSINE
Tu es fou.
MAEL
Tu joues avec moi, Mélusine. Tu vois le cygne là-bas ? J'ai l'impression qu'il nous épie. Mais on ne peut rien dire de plus. Je comprendrais qu'il te regarde. Ou qu'il regarde la coque du bateau. Je l'ai repeinte il y a 3 jours. Le marron lui va bien. Tu veux qu'on aille se baigner, Mélusine ? J'aime beaucoup l'eau.
MELUSINE
Je te comprends. L'eau me fascine. J'aimerais beaucoup mourir noyée, une nuit de pleine lune. (en souriant d'un air mutin et léger) Oui, je sais tout le monde me dit que c'est bizarre, douloureux, et qu'il y a plus agréable comme mort, mais on ne choisit pas ses fantasmes, hein ! (plus grave, après un temps) Tu me noies ?
MAEL
Seulement de mes mots.
MELUSINE
Et moi ?
MAEL
De tes notes. J'entends mon enfance dans les soupirs de ta voix.
MELUSINE
Emmène-moi à Paris, Maël. Fais moi danser avec les lampadaires du Sacré Coeur, descendons jusqu'au Marais, posons nous sur l'herbe, le pic dans la Seine nous attend.
MAEL
Je crois bien que je pourrais t'aimer énormément dans Paris sans même regarder ton visage, ni le toucher. Sans connaitre la texture de ta peau.
MELUSINE, attrapant la main de Maël et l'approchant de son visage.
Touche-la, Maël.
MAEL, tirant sa main d'un coup sec, la secouant comme pour enlever des poussières d'étoiles.
Non. Mes mains sont sales.
MELUSINE
Tu ne sens pas le café.
MAEL, allant vers la cabine.
Cette discussion est absurde.
CYGNE
(sifflement)
MAEL, depuis la cabine.
Quel parfum sens-tu, toi, Mélusine ?
MELUSINE
Je ne sens rien ; je sens la fille.
MAEL
Ah. Je dois dormir maintenant.
MELUSINE
Déjà ? Mais les étoiles n'ont pas encore leur reflet dans les ondes du lac.
MAEL
Tu vas être fatiguée.
MELUSINE
Oui, j'attends juste de voir le spectre de la lune à côté du cygne, là-bas. Il m'inquiète, je me demande s'il n'est pas malade...
Le temps passe. Mélusine et Maël sont sur un bateau. Mélusine tombe à l'eau. Maël saute après elle. Qui reste-t-il ? Le Cygne.
Mélusine et Maël sont sur un bateau. L'action se passe sur les flots d'un lac calme en banlieue parisienne. Le cygne les observe. Mélusine et Maël se connaissent depuis huit jours.
MELUSINE
Maël, vite ! Viens voir l'eau par dessus la rambarde !
MAEL, accourant et se penchant, observant en silence l'eau pendant quelques secondes.
Je ne vois rien.
MELUSINE
Ah.. Il y a tant de beauté à voir pourtant. Vraiment ? Es-tu aveugle ?
MAEL, allant rejoindre sa cabine, laissant la porte ouverte.
Tu dis des bêtises. Je devrais te jeter à l'eau.
MELUSINE
J'aime quand tu es dans la cabine, et que l'on parle sans se voir. Je ne sais jamais ce que tu fais. Ça m'intrigue et me plait. Tu pourrais tout aussi bien être en train d'écrire à une fille, ou bien de vider un fond de vodka.
MAEL
Je n'écris pas à une fille dans la cabine.
MELUSINE
Alors c'est la vodka ?
MAEL
Non, du café. Juste du café.
MELUSINE
Tu bois ton café sucré ?
MAEL
Tu es sucrée, Mélusine ? (Mélusine regarde le cygne, abasourdie) Non, tu n'es pas sucrée, tu es amère. Tu es noire. Osée. Je prends donc mon café sans sucre. Tu sais tout. Ou presque.
MELUSINE
Je ne sais plus rien.
MAEL
A propos de quoi ?
MELUSINE
De tout.
MAEL, en un soupir, en revenant sur le pont du bateau.
C'est simple, pourtant.. J'ai envie de goûter tout, surtout les choses les plus belles et les plus laides. De les emmener à la mer, ou bien faire de la randonnée en montagne. Les mettre à la lumière, les faire respirer de l'oxygène, prendre un peu l'air.
MELUSINE
Ou les balader dans Paris.
MAEL
Oui, aussi. Sur une péniche. Lorsque j'étais en Corse, deux ans avant la semaine dernière, j'ai rêvé de ta soeur. Il faisait nuit, elle tenait une bougie dans sa main, ses cheveux noués en arrière. D'ailleurs, tu devrais raser tes longs cheveux bruns, Mélusine.
MELUSINE
Tu es fou ? Tu sais combien de temps il m'a fallu pour qu'ils m'arrivent aux reins ?
MAEL
Ils s'amusent à fouetter ta peau au moindre coup de vent, ça m'insupporte. Tu veux que je les coupe moi-même ? Tu diras à tes parents que c'est un agresseur, ou bien une danseuse qui est arrivée sur ses pointes et qui a coupé tes magnifiques cheveux pour en faire les lacets de ses plus beaux chaussons.
MELUSINE
Tu es fou.
MAEL
Tu joues avec moi, Mélusine. Tu vois le cygne là-bas ? J'ai l'impression qu'il nous épie. Mais on ne peut rien dire de plus. Je comprendrais qu'il te regarde. Ou qu'il regarde la coque du bateau. Je l'ai repeinte il y a 3 jours. Le marron lui va bien. Tu veux qu'on aille se baigner, Mélusine ? J'aime beaucoup l'eau.
MELUSINE
Je te comprends. L'eau me fascine. J'aimerais beaucoup mourir noyée, une nuit de pleine lune. (en souriant d'un air mutin et léger) Oui, je sais tout le monde me dit que c'est bizarre, douloureux, et qu'il y a plus agréable comme mort, mais on ne choisit pas ses fantasmes, hein ! (plus grave, après un temps) Tu me noies ?
MAEL
Seulement de mes mots.
MELUSINE
Et moi ?
MAEL
De tes notes. J'entends mon enfance dans les soupirs de ta voix.
MELUSINE
Emmène-moi à Paris, Maël. Fais moi danser avec les lampadaires du Sacré Coeur, descendons jusqu'au Marais, posons nous sur l'herbe, le pic dans la Seine nous attend.
MAEL
Je crois bien que je pourrais t'aimer énormément dans Paris sans même regarder ton visage, ni le toucher. Sans connaitre la texture de ta peau.
MELUSINE, attrapant la main de Maël et l'approchant de son visage.
Touche-la, Maël.
MAEL, tirant sa main d'un coup sec, la secouant comme pour enlever des poussières d'étoiles.
Non. Mes mains sont sales.
MELUSINE
Tu ne sens pas le café.
MAEL, allant vers la cabine.
Cette discussion est absurde.
CYGNE
(sifflement)
MAEL, depuis la cabine.
Quel parfum sens-tu, toi, Mélusine ?
MELUSINE
Je ne sens rien ; je sens la fille.
MAEL
Ah. Je dois dormir maintenant.
MELUSINE
Déjà ? Mais les étoiles n'ont pas encore leur reflet dans les ondes du lac.
MAEL
Tu vas être fatiguée.
MELUSINE
Oui, j'attends juste de voir le spectre de la lune à côté du cygne, là-bas. Il m'inquiète, je me demande s'il n'est pas malade...
Le temps passe. Mélusine et Maël sont sur un bateau. Mélusine tombe à l'eau. Maël saute après elle. Qui reste-t-il ? Le Cygne.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire