J'effrite le temps...


J'effrite le temps qui s'use sur les carreaux de la fenêtre, et c'est l'herbe coupée qui rafraichit les senteurs de ce printemps. Je suis accompagnée de la plus belle des saveurs, et elle porte ton nom. J'y goûte le bonheur, et sans soubresaut, je réclame cet éclat que j'ai perdu dans d'autres bras, d'autres livres, d'autres chansons parfois. Rejoins moi sous ce gouffre aux allures d'enfer : un canal dans une grotte, qui s'enivre d'hiver. Oui, c'est l'hiver loin de toi. Les couleurs se déposent au creux de tes fossettes, et c'est un vaillant arc-en-ciel qui éclaire mon visage quand tu souris. Et tu ne le sais même pas.
J'ai des volutes de pensées qui montent dans mon coeur, et c'est vers toi qu'elles accourent. Douce fleur de mes désirs, cascade de sens sur mes reins. Et toujours le vent du matin, frais comme la neige, et doux comme le sang. J'inspire fort cet air, comme la fumée de ta cigarette, ton joint, ou peu importe ce que ce fut. Toujours cette fumée qui accapare mon esprit. Se volatilisant sous les nuages de tes yeux. Je voudrais rester ici des jours durant. Regarder la fumée s'échapper de tes lèvres, y plonger, m'y noyer. Non, non, ne viens pas me sauver.. Je t'en prie, reste là, ne bouge pas, je reste là, à ta regarder. Je scrute l'horizon parfois, l'ombre des arbres se découpent sur le ciel bleu marine, et les feuillages sont fait de nuages, ou les nuages sont fait de verdure. Tout se confond, car tout est flou. Autour de toi, c'est l'illusion.
Et pourtant le matin, tout s'illumine, et le monde s'allume. Le feu jaillit de mes entrailles, et c'est comme un nouveau jour sur ma vie. Tous les matins représentent un virage, un long et strict virage, qui se tourne vers un ailleurs que je connais déjà. Le temps passe lentement. Comme un amas de poudre qui traînent sur l'allée. Toujours là. Présent. Sans raison aucune. Juste le vent qui souffle pour mieux les emporter.

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