L'oiseau Mort


Les fleurs reposent autour du corps de ce cadavre de mésange. Sa gorge douce est étendue sur ce lac vert, où les algues sortent de la terre. Ses plumes ont été arrachées par un rapace de mauvais augure qui, en un tour de passe-passe, a tué un ange, un qui savait chanter. Le rouge se répand du bec de l'animal. Un oeil vide, blanc, gris, véhément depuis son songe sempiternel, me fixe dans la pénombre de mon âme. Et je me sens voyeuse à mon tour.
Je note que des fées se sont abandonnés à lui laisser une allure gracile sur ses pattes fragiles. Les os y sont si visibles, si fins.. qu'on en oublie que c'en est un cadavre à terre, humilié, proprement, mais qui l'ignore tout à fait et s'en échappe dans une profondeur étrangère au sommeil. C'est une vie éteinte, figée, qui fait éclater son chant glacial, en hâte et en alto.
L'oiseau ne ressent plus rien, et c'est ainsi, sans plainte et sans secours, qu'il a passé cette étape qui m'attend. Ce n'est pas à comprendre, à éprouver seulement. A l'aurore, sous cette carcasse, je verrai une nouvelle vie s'allumer : une fleur blanche jaillit du sol tandis que je m'absorbe dans cette contemplation.

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