Oltremare


J'entends des appels à l'aide qui se coincent dans la gorge, qu'on regrette de penser, qu'on refuse de crier. Ce sont des verres vides qu'on tente de jeter aux visages des gens. Mais l'eau ne les atteint pas. Ils regardent le fond transparent et, à travers, le torse battu par le coeur. Soudain esseulés. Et l'univers tangue quand on en est le centre, car il n'est pas droit il n'est pas juste. On lui souffle dessus en espérant que cela suffira ; mais ça ne suffit jamais. 
On danse, on vit. La lumière se fait blanche comme des cheveux mûrs, qui tombent et tombent de leurs branches. Si beaux dans leur sagesse. Puis la tête s'éclate sur le carrelage, et la foule te regarde. Elle t'emporte, elle te traîne. Folle farandole à la manière de Piaf et sa voix grave de rouge-gorge qui a trop fumé. Une main se tend vers toi, mais tu ne peux lever ton bras pour l'atteindre. Et tu sens tes muscles qui sans effort tombent dans le coma et, inconscients, soufflent et respirent. Enfin. Mais on te lève encore, alors que la position allongée sied à ton âme, tes paumes s'étirent et se referment. Les étrangers, plein de bonne volonté, regardent les muscles sur tes os ; mais seuls tes os semblent encore être des ailes, des trampolines pour tes idées. Et les vêtements cachent la mort, puis la nuit abrite la vie. Les sourires suffisent. On montre les crocs et tout le monde est content. Mais les aliments fondus sous la langue, comme une bave acide qui brûle sous l'épiderme, se font cracher, boules de poils consistantes, vomissant sur le parquet. Les soupirs nocturnes. Et moi.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire