Mon sang, comme une boucle dans le bas-ventre, arrache ma peau. Je sens des mains qui tremblent ; les miennes ou d'autres ? Le vent qui court entre mes poils hérissés est agréable, suit son cours. C'est une rivière qui coule sur et sous mon épiderme. Saute sur mon ventre rebondi un monstre mignon. Il bat ses cils et me charment, mais rien n'y fait. Mes cuisses porteront un jour les fesses d'un autre, deux lunes rosies dans lesquelles j'aurai soufflé mon âme. Une femme déesse qui crée d'un argile mou et blanc : voilà tout. Du sang naît la vie, mais la vie n'est pas tout. Ce seront des vagues de soupirs, des cris enragés et une pompe battante : je veux entendre une percussion, une batterie puissante et lente, une chanson qui m'emballe le coeur comme un homme l'aura plastifié et accaparé avant. L'Amour n'aura pas vitrifié mes sentiments, ni flagellé mon dos. Mais de clocher en clocher, tous mes fils restent perdus ou coupés. Les nuages traversent mon chemin, bloque ma voie lactée comme une voiture mal garée. Mon passage se retrouve au carrefour des mondes ; un soupir me pousse à gauche, une bise vers la droite. Une tornade devant moi semble m'appeler pour me dire de m'en aller. Mais qui l'écoutera, de moi ou de toi ? Qui laissera battre un corps dans le vide ? Et s'envoler vers l'orbite profonde. Un oeil omniprésent frappera mon regard et mes hanches pour vivre l'évolution, la révolution perpétuelle du monde. Un cri, un souffle. Quand une salle blanche sortira de la mort un être de mon ventre, je penserai à toi, à eux, à tous ceux d'avant et d'après. A tout ce qui a crevé mes yeux et mon ventre d'amour et de désir. Je penserai aux vagues de reins, aux coups de train lancés par des rails de sourire à défaut de cocasses regards. Puis je regarderai cette petite lune à l'oeil humide, une affiche de Méliès qui se lèvera et couchera. Puis je penserai à l'horloge, aux aiguilles longues et courtes. Au Soleil dans l'ombre. 
Je n'ai pas assez dit.

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